Fondation et Manifeste du Futurisme

FR

Nous avions veillé toute la nuit, mes amis et moi, sous des lampes de mosquée dont les coupoles de cuivre aussi ajourées que notre âme avaient pourtant des cœurs électriques. Et tout en piétinant notre native paresse sur d’opulents tapis Persans, nous avions discuté aux frontières extrêmes de la logique et griffé le papier de démentes écritures.

Un immense orgueil. gonflait nos poitrines, à nous sentir debout tout seuls, comme des phares ou comme des sentinelles avancées, face à l’armée des étoiles ennemies, qui campent dans leurs bivouacs célestes. Seuls avec les mécaniciens dans les infernales chaufferies des grands navires, seuls avec les noirs fantômes qui fourragent dans le ventre rouge des locomotives affolées, seuls avec les ivrognes battant des ailes contre les murs!

Et nous voilà brusquement distraits par le roulement des énormes tram¬ways à double étage, qui passent sursautants, bariolés de lumières, tels les hameaux en fate que le Pô débordé ébranle tout à coup et déracine, pour les entraîner, sur les cascades et les remous d’un déluge, jusqu’à la mer.

Puis le silence s’aggrava. Comme nous écoutions la prière exténuée du vieux canal et crisser les os des palais moribonds dans leur barbe de verdure, soudain rugirent sous nos fenêtres les automobiles affamées.

– Allons, dis-je, mes amis ! Partons ! Enfin la Mythologie et l’Idéal mystique sont surpassés.

Nous allons assister à la naissance du Centaure et nous verrons bientôt voler les premiers Anges ! Il faudra ébranler les portes de la vie pour en essayer les gonds et les verrous !… Partons! Voilà bien le pre¬mier soleil levant sur la terre !… Rien n’égale la splendeur de son épée rouge qui s’escrime pour la première fois, dans nos ténèbres millénaires.

Nous nous approchâmes des trois machines renâclantes pour flatter leur poitrail. Je m’allongeai sur la mienne comme un cadavre dans sa bière, mais je ressuscitai soudain sous le volant – couperet de guillotine – qui menaçait mon estomac.

Le grand balai de la folie nous arracha à nous-mêmes et nous poussa à travers les rues escarpées et profondes comme des torrents desséchés. Ça et là des lampes malheureuses, aux fenêtres, nous enseignaient à mépriser nos yeux mathématiques.

– Le flair, cri ai-je, le flair suffit aux fauves!…

Et nous chassions, tels de jeunes lions, la Mort au pelage noir tacheté de croix pâles, qui courait devant nous dans le vaste ciel mauve, palpable et vivant.

Et pourtant nous n avions pas de Maîtresse idéale dressant sa taille jus¬qu’aux nuages, ni de Reine cruelle à qui offrir nos cadavres tordus en bagues byzantines !… Rien pour mourir si ce n’est le désir de nous débarrasser enfin de notre trop pesant courage!

Nous allions écrasant sur le seuil des maisons les chiens de garde, qui s’aplatissaient arrondis sous nos pneus brûlants, comme un faux-col sous un fer à repasser.

La Mort amadouée me devançait à chaque virage pour m’offrir gentiment la patte, et tour à tour se couchait au ras de terre avec un bruit de mâchoires stridentes en me coulant des regards veloutés au fond des flaques.

– Sortons de la Sagesse comme d’une gangue hideuse et entrons, comme des fruits pimentés d’orgueil, dans la bouche immense et torse du vent !… Donnons-nous à manger à l’Inconnu, non par désespoir, mais simplement pour enrichir les insondables réservoirs de l’Absurde.

Comme j’avais dit ces mots, je virai brusquement sur moi-même avec l’ivresse folle des caniches qui se mordent la queue, et voilà tout à coup que deux cyclistes me désapprouvèrent, titubant devant moi ainsi que deux raison¬nements persuasifs et pourtant contradictoires. Leur ondoiement stupide discu¬tait sur mon terrain… Quel ennui! Pouah !… Je coupai court, et par dégoût, je me flanquai – vlan! – cul pardessus tête, dans un fossé…

Oh, maternel fossé, à moitié plein d’une eau vaseuse ! Fossé d’usine ! J’ai savouré a pleine bouche ta boue fortifiante qui me rappelle la sainte mamelle noire de ma nourrice soudanaise!

Comme je dressai mon corps, fangeuse et malodorante vadrouille, je sentis le fer rouge de la joie me percer délicieusement le cœur.

Une foule de pêcheurs à la ligne et de naturalistes podagres s’était ameutée d’épouvante autour du prodige. D’une âme patiente et tatillonne, ils élevèrent très haut d’énormes éperviers de fer, pour pêcher mon automobile, pareille à un grand requin embourbé. Elle émergea lentement en abandonnant dans le fossé, telles des écailles, Sa lourde carrosserie de bon sens et son capitonnage de confort.

On le croyait mort, mon bon requin, mais je le réveillai d’une seule caresse sur son dos tout-puissant, et le voilà ressuscité, courant à toute vitesse sur ses nageoires.

Alors, le visage masqué de la bonne boue des usines, pleine de scories de métal, de sueurs inutiles et de suie céleste, portant nos bras foulés en écharpe, parmi la complainte des sages pécheurs à la ligne et des naturalistes navrés, nous dictames nos premières volontés à tous les hommes vivants de la terre:

  1. Nous voulons chanter l’amour du danger, l’habitude de l’énergie et de la témérité.
  2. Les éléments essentiels de notre poésie seront. le courage, l’audaoe et la révolte.
  3. La littérature ayant jusqu’ici magnifié l’immobilité pensive, l’extase et le sommeil, nous voulons exalter le mouvement agressif, l’insomnie fiévreuse, le pas gymnastique, le saut périlleux, la gifle et le coup de poing.
  4. Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle la beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l’haleine explosive… Une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace.
  5. Nous voulons chanter l’homme qui tient le volant, dont la tige idéale traverse la Terre, lancée elle-même sur le circuit de son orbite.
  6. Il faut que le poète se dépense avec chaleur, éclat et prodigalité, pour augmenter la ferveur enthousiaste des éléments primordiaux.
  7. Il n’y a plus de beauté que dans la lutte. Pas de chef-d’œuvre sans un caractère agressif. La poésie doit être un assaut violent contre les forces inconnues, pour les sommer de se coucher devant l’homme.
  8. Nous sommes sur le promontoire extrême des siècles !… A quoi bon regarder derrière nous, du moment qu’il nous faut défoncer les vantaux mysté¬rieux de l’Impossible? Le Temps et l’Espace sont morts hier. Nous vivons déjà dans l’absolu, puisque nous avons déjà créé l’éternelle vitesse omniprésente.
  9. Nous voulons glorifier la guerre – seule hygiène du monde, – le militarisme, le patriotisme, le geste destructeur des anarchistes, les belles Idées qui tuent, et le mépris de la femme.
  10. Nous voulons démolir les musées, les bibliothèques, combattre le moralisme, le féminisme et toutes les lâchetés opportunistes et utilitaires.
  11. Nous chanterons les grandes foules agitées par le travail, le plaisir ou la révolte; les ressacs multicolores et polyphoniques des révolutions dans les capitales modernes; la vibration nocturne des arsenaux et des chantiers sous leurs violentes lunes électriques; les gares gloutonnes avaleuses de serpents qui fument; les usines suspendues aux nuages par les ficelles de leurs fumées; les ponts aux bonds de gymnastes lancés sur la coutellerie diabolique des fleuves ensoleillés; les paquebots aventureux flairant l’horizon; les locomotives au grand poitrail, qui piaffent sur les rails, tels d’énormes chevaux d’acier bridés de longs tuyaux, et le vol glissant des aéroplanes, dont l’hélice a des claque¬ments de drapeau et des applaudissements de foule enthousiaste.

C’est en Italie que nous lançons ce manifeste de violence culbutante et incendiaire, par lequel nous fondons aujourd’hui le Futurisme, parce que nous voulons délivrer l’Italie de Sa gangrène de professeurs, d’archéologues, de cicé¬rones et d’antiquaires. L’Italie a été trop longtemps le grand marché des brocanteurs. Nous vou¬Ions le débarrasser des musées innombrables qui la couvrent d’innombrables cimetières. Musées, cimetières!… Identiques vraiment dans leur sinistre coudoiement de corps qui ne se connaissent pas. Dortoirs publics où l’on dort à jamais côte à côte avec des êtres hais ou inconnus. Férocité réciproque des peintres et des sculpteurs s’entre-tuant à coups de lignes et de couleurs dans le même musée.

Qu’on y fasse une visite chaque année comme on va voir ses morts une fois par an… Nous pouvons bien l’admettre !… Qu’on dépose même des fleurs une fois par an aux pieds de la Joconde, nous le concevons !… Mais que l’on aille promener quotidiennement dans les musées nos tristesses, nos courages fragiles et notre inquiétude, nous ne l’admettons pas!..

Voulez-vous donc vous empoisonner? Voulez-vous donc pourrir?

Que peut-on bien trouver dans un vieux tableau si ce n’est la contorsion pénible de l’artiste s’efforçant de briser les barrières infranchissables à son désir d’exprimer entièrement son rêve ?

Admirer un vieux tableau c’est verser notre sensibilité dans une urne funé¬raire, au lieu de la lancer en avant par jets violents de création et d’action. Voulez-vous donc gâcher ainsi vos meilleures forces dans une admiration inutile du passé, dont vous sortez forcément épuisés, amoindris, piétinés ?

En vérité la fréquentation quotidienne des musées, des bibliothèques et des académies (ces cimetières d’efforts perdus, ces calvaires de rêves crucifiés, ces registres d’élans brisés!…) est pour les artistes ce qu’est la tutelle prolongée des parents pour des jeunes gens intelligents, ivres de leur talent et de leur volonté ambitieuse.

Pour des moribonds, des invalides et des prisonniers, passe encore. C’est peut être un baume à leurs blessures que l’admirable passé, du moment que l’avenir leur est interdit… Mais nous n’en voulons pas, nous, les jeunes, les forts et les vivants futuristes !

Viennent donc les bons incendiaires aux doigts carbonisés!… Les voici! Les voici!… Et boutez donc le feu aux rayons des bibliothèques! Détournez le cours des canaux pour inonder les caveaux des musées!… Oh qu’elles nagent à la dérive, les toiles glorieuses! A vous les pioches et les marteaux! Sapez les fondements des villes vénérables! Les plus âgés d’entre nous ont trente ans; nous avons donc au moins dix ans pour accomplir notre tache. Quand nous aurons quarante ans, que de plus jeunes et plus vaillants que nous veuillent bien nous jeter au panier comme des manuscrits inutiles !… Ils viendront contre nous de très loin, de partout, en bondissant sur la cadence légère de leurs premiers poèmes, griffant l’air de leur’ s doigts crochus, et humant, aux portes des académies, la bonne odeur de nos esprits pourrissants, déjà promis aux catacombes des bibliothèques.

Mais nous ne serons pas là. Ils nous trouveront enfin, par un nuit d’hiver, en pleine campagne, sous un triste hangar pianoté par la pluie monotone, accroupis près de nos aéroplanes trépidants, en train de chauffer nos mains sur le misérable feu que feront nos livres d’aujourd’hui flambant gaiement sous le vol étincelant de leurs images. Ils s’ameuteront autour de nous, haletants d’angoisse et de dépit, et tous exaspérés par notre fier courage infatigable s’élanceront pour nous tuer, avec d’autant plus de haine que leur cœur sera ivre d’amour et d’admiration pour nous. Et la forte et la saine Injustice éclatera radieusement dans leurs yeux. Car l’art ne peut être que violence, cruauté et injustice.

Les plus âgés d’entre nous ont trente ans, et pourtant nous avons déjà gaspillé des trésors, des trésors de force, d’amour, de courage et d’âpre volonté, à la hâte, en délire, sans compter, à tour de bras, à perdre haleine.

Regardez-nous! Nous ne sommes pas essoufflés… Notre cœur n’a pas la moindre fatigue! Car il s’est nourri de feu, de haine et de vitesse !… Ça vous étonne? C’est que vous ne vous souvenez même pas d’avoir vécu! Debout sur la cime du monde, nous lançons encore une fois le défi aux étoiles!

Vos objections? Assez! Assez! Je les connais! C’est entendu! Nous savons bien ce que notre belle et fausse intelligence nous affirme. – Nous ne sommes, dit-elle, que le résumé et le prolongement de nos ancêtres. – Peut-être! Soit!… Qu’importe?… Mais nous ne voulons pas entendre! Gardez-vous de répéter ces mots infâmes! Levez plutôt la tête! Debout sur la cime du monde, nous lançons encore une fois le défi aux étoiles!

EN

This English-language translation COPYRIGHT ©1973 Thames and Hudson Ltd, London. All rights reserved. Source for translation by R.W. Flint reproduced below: Apollonio, Umbro, ed. Documents of 20th Century Art: Futurist Manifestos. Brain, Robert, R.W. Flint, J.C. Higgitt, and Caroline Tisdall, trans. New York: Viking Press, 1973. 19-24.

We had stayed up all night, my friends and I, under hanging mosque lamps with domes of filigreed brass, domes starred like our spirits, shining like them with the prisoned radiance of electric hearts. For hours we had trampled our atavistic ennui into rich oriental rugs, arguing up to the last confines of logic and blackening many reams of paper with our frenzied scribbling.

An immense pride was buoying us up, because we felt ourselves alone at that hour, alone, awake, and on our feet, like proud beacons or forward sentries against an army of hostile stars glaring down at us from their celestial encampments. Alone with stokers feeding the hellish fires of great ships, alone with the black spectres who grope in the red-hot bellies of locomotives launched on their crazy courses, alone with drunkards reeling like wounded birds along the city walls.

Suddenly we jumped, hearing the mighty noise of the huge double-decker trams that rumbled by outside, ablaze with colored lights, like villages on holiday suddenly struck and uprooted by the flooding Po and dragged over falls and through gourges to the sea.

Then the silence deepened. But, as we listened to the old canal muttering its feeble prayers and the creaking bones of sickly palaces above their damp green beards, under the windows we suddenly heard the famished roar of automobiles.

‘Let’s go!’ I said. ‘Friends, away! Let’s go! Mythology and the Mystic Ideal are defeated at last. We’re about to see the Centaur’s birth and, soon after, the first flight of Angels!… We must shake at the gates of life, test the bolts and hinges. Let’s go! Look there, on the earth, the very first dawn! There’s nothing to match the splendor of the sun’s red sword, slashing for the first time through our millennial gloom!’

We went up to the three snorting beasts, to lay amorous hands on their torrid breasts. I stretched out on my car like a corpse on its bier, but revived at once under the steering wheel, a guillotine blade that threatened my stomach.

The raging broom of madness swept us out of ourselves and drove us through streets as rough and deep as the beds of torrents. Here and there, sick lamplight through window glass taught us to distrust the deceitful mathematics of our perishing eyes.

I cried, ‘The scent, the scent alone is enough for our beasts.’

And like young lions we ran after Death, its dark pelt blotched with pale crosses as it escaped down the vast violet living and throbbing sky.

But we had no ideal Mistress raising her divine form to the clouds, nor any cruel Queen to whom to offer our bodies, twisted like Byzantine rings! There was nothing to make us wish for death, unless the wish to be free at last from the weight of our courage!

And on we raced, hurling watchdogs against doorsteps, curling them under our burning tires like collars under a flatiron. Death, domesticated, met me at every turn, gracefully holding out a paw, or once in a while hunkering down, making velvety caressing eyes at me from every puddle.

‘Let’s break out of the horrible shell of wisdom and throw ourselves like pride-ripened fruit into the wide, contorted mouth of the wind! Let’s give ourselves utterly to the Unknown, not in desperation but only to replenish the deep wells of the Absurd!’

The words were scarcely out of my mouth when I spun my car around with the frenzy of a dog trying to bite its tail, and there, suddenly, were two cyclists coming towards me, shaking their fists, wobbling like two equally convincing but nevertheless contradictory arguments. Their stupid dilemma was blocking my way—Damn! Ouch!… I stopped short and to my disgust rolled over into a ditch with my wheels in the air…

O maternal ditch, almost full of muddy water! Fair factory drain! I gulped down your nourishing sludge; and I remembered the blessed black breast of my Sudanese nurse… When I came up—torn, filthy, and stinking—from under the capsized car, I felt the white-hot iron of joy deliciously pass through my heart!

A crowd of fishermen with handlines and gouty naturalists were already swarming around the prodigy. With patient, loving care those people rigged a tall derrick and iron grapnels to fish out my car, like a big beached shark. Up it came from the ditch, slowly, leaving in the bottom, like scales, its heavy framework of good sense and its soft upholstery of comfort.

They thought it was dead, my beautiful shark, but a caress from me was enough to revive it; and there it was, alive again, running on its powerful fins!

And so, faces smeared with good factory muck—plastered with metallic waste, with senseless sweat, with celestial soot—we, bruised, our arms in slings, but unafraid, declared our high intentions to all the living of the earth:

MANIFESTO OF FUTURISM

We intend to sing the love of danger, the habit of energy and fearlessness. Courage, audacity, and revolt will be essential elements of our poetry. Up to now literature has exalted a pensive immobility, ecstasy, and sleep. We intend to exalt aggressive action, a feverish insomnia, the racer’s stride, the mortal leap, the punch and the slap. We affirm that the world’s magnificence has been enriched by a new beauty: the beauty of speed. A racing car whose hood is adorned with great pipes, like serpents of explosive breath—a roaring car that seems to ride on grapeshot is more beautiful than the Victory of Samothrace. We want to hymn the man at the wheel, who hurls the lance of his spirit across the Earth, along the circle of its orbit. The poet must spend himself with ardor, splendor, and generosity, to swell the enthusiastic fervor of the primordial elements. Except in struggle, there is no more beauty. No work without an aggressive character can be a masterpiece. Poetry must be conceived as a violent attack on unknown forces, to reduce and prostrate them before man. We stand on the last promontory of the centuries!… Why should we look back, when what we want is to break down the mysterious doors of the Impossible? Time and Space died yesterday. We already live in the absolute, because we have created eternal, omnipresent speed. We will glorify war—the world’s only hygiene—militarism, patriotism, the destructive gesture of freedom-bringers, beautiful ideas worth dying for, and scorn for woman. We will destroy the museums, libraries, academies of every kind, will fight moralism, feminism, every opportunistic or utilitarian cowardice. We will sing of great crowds excited by work, by pleasure, and by riot; we will sing of the multicolored, polyphonic tides of revolution in the modern capitals; we will sing of the vibrant nightly fervor of arsenals and shipyards blazing with violent electric moons; greedy railway stations that devour smoke-plumed serpents; factories hung on clouds by the crooked lines of their smoke; bridges that stride the rivers like giant gymnasts, flashing in the sun with a glitter of knives; adventurous steamers that sniff the horizon; deep-chested locomotives whose wheels paw the tracks like the hooves of enormous steel horses bridled by tubing; and the sleek flight of planes whose propellers chatter in the wind like banners and seem to cheer like an enthusiastic crowd. It is from Italy that we launch through the world this violently upsetting incendiary manifesto of ours. With it, today, we establish Futurism, because we want to free this land from its smelly gangrene of professors, archaeologists, ciceroni and antiquarians. For too long has Italy been a dealer in second-hand clothes. We mean to free her from the numberless museums that cover her like so many graveyards.

Museums: cemeteries!… Identical, surely, in the sinister promiscuity of so many bodies unknown to one another. Museums: public dormitories where one lies forever beside hated or unknown beings. Museums: absurd abattoirs of painters and sculptors ferociously slaughtering each other with color-blows and line-blows, the length of the fought-over walls!

That one should make an annual pilgrimage, just as one goes to the graveyard on All Souls’ Day—that I grant. That once a year one should leave a floral tribute beneath the Gioconda, I grant you that… But I don’t admit that our sorrows, our fragile courage, our morbid restlessness should be given a daily conducted tour through the museums. Why poison ourselves? Why rot?

And what is there to see in an old picture except the laborious contortions of an artist throwing himself against the barriers that thwart his desire to express his dream completely?… Admiring an old picture is the same as pouring our sensibility into a funerary urn instead of hurtling it far off, in violent spasms of action and creation.

Do you, then, wish to waste all your best powers in this eternal and futile worship of the past, from which you emerge fatally exhausted, shrunken, beaten down?

In truth I tell you that daily visits to museums, libraries, and academies (cemeteries of empty exertion, Calvaries of crucified dreams, registries of aborted beginnings!) are, for artists, as damaging as the prolonged supervision by parents of certain young people drunk with their talent and their ambitious wills. When the future is barred to them, the admirable past may be a solace for the ills of the moribund, the sickly, the prisoner… But we want no part of it, the past, we the young and strong Futurists!

So let them come, the gay incendiaries with charred fingers! Here they are! Here they are!… Come on! Set fire to the library shelves! Turn aside the canals to flood the museums!… Oh, the joy of seeing the glorious old canvases bobbing adrift on those waters, discolored and shredded!… Take up your pickaxes, your axes and hammers and wreck, wreck the venerable cities, pitilessly!

The oldest of us is thirty: so we have at least a decade for finishing our work. When we are forty, other younger and stronger men will probably throw us in the wastebasket like useless manuscripts—we want it to happen!

They will come against us, our successors, will come from far away, from every quarter, dancing to the winged cadence of their first songs, flexing the hooked claws of predators, sniffing doglike at the academy doors the strong odor of our decaying minds, which will have already been promised to the literary catacombs.

But we won’t be there… At last they’ll find us—one winter’s night—in open country, beneath a sad roof drummed by a monotonous rain. They’ll see us crouched beside our trembling aeroplanes in the act of warming our hands at the poor little blaze that our books of today will give out when they take fire from the flight of our images.

They’ll storm around us, panting with scorn and anguish, and all of them, exasperated by our proud daring, will hurtle to kill us, driven by a hatred the more implacable the more their hearts will be drunk with love and admiration for us.

Injustice, strong and sane, will break out radiantly in their eyes.

Art, in fact, can be nothing but violence, cruelty, and injustice.

The oldest of us is thirty: even so we have already scattered treasures, a thousand treasures of force, love, courage, astuteness, and raw will-power; have thrown them impatiently away, with fury, carelessly, unhesitatingly, breathless, and unresting… Look at us! We are still untired! Our hearts know no weariness because they are fed with fire, hatred, and speed!… Does that amaze you?

It should, because you can never remember having lived! Erect on the summit of the world, once again we hurl our defiance at the stars!

You have objections?—Enough! Enough! We know them… We’ve understood!… Our fine deceitful intelligence tells us that we are the revival and extension of our ancestors—Perhaps!… If only it were so!—But who cares? We don’t want to understand!… Woe to anyone who says those infamous words to us again!

Lift up your heads!

Erect on the summit of the world, once again we hurl defiance to the stars!”

ZH

我们整夜未眠,我和我的朋友们,在悬挂的清真寺灯下,灯罩是精致的铜丝穹顶,像我们的精神一样布满星辰,也如我们的心一般闪耀,燃烧着被囚禁的电之光。
几个小时里,我们把那原始的、祖先遗留的倦怠踩进华丽的东方地毯里,一直辩论到逻辑的尽头,用疯狂的笔迹涂黑了成沓的纸张。 一种巨大的骄傲支撑着我们,因为在那个时刻,我们感到自己是孤独的——孤独地醒着,孤独地站立着,像骄傲的灯塔,或是抵御敌对星辰军队的前哨——那些星辰在天上的营地中俯视着我们,闪烁着敌意。我们与那些给巨轮添燃地狱之火的司炉为伴,与那些在炽热机车的红色腹中摸索的黑色幽魂为伴,与那些醉汉为伴——他们像受伤的鸟一样,沿着城市的墙踉跄前行。

突然,我们一跃而起——听到了外面巨大的电车轰鸣,双层车厢在夜色中咆哮着驶过,灯光斑斓,宛如节日的村庄,被泛滥的波河冲击、连根拔起,翻滚着穿过瀑布与峡谷奔向大海。

随即,一片深沉的寂静降临。我们倾听那条古老的运河低声喃喃着微弱的祈祷,病态的宫殿在青苔胡须下发出骨骼的吱呀声。就在那时,我们忽然听见窗下传来饥饿的咆哮——那是汽车的声音。

“走吧!”我说,“朋友们,出发!走吧!神话与神秘理想终于被击败。我们将见证半人马的诞生,紧随其后的,是天使的第一次飞行!我们必须摇撼生命之门,试探它的门闩与铰链。快看,地平线上的第一道曙光!没有什么比太阳那把红色的剑更壮丽,它第一次劈开我们千年的昏暗!”

我们走向那三头喷气的野兽,伸出爱恋的手抚摸它们炙热的胸膛。我像尸体一样平躺在车上,但在方向盘下立刻复活——那方向盘像一把悬在我腹前的断头台刀刃。

疯狂的扫帚把我们从自身中席卷而出,驱赶着我们穿过街道,崎岖而深邃,如同山洪的河床。偶尔从窗玻璃透出的病态灯光教会我们——不要信任我们正在衰败的眼睛所计算出的虚假数学。

我喊道:“气味!气味就够了——那是我们野兽的食粮!”

于是我们像年轻的狮子一样追逐死亡,那黑色的皮毛上布满苍白的十字架,它逃进辽阔的紫罗天空,鲜活而跳动。

但我们没有任何理想的情人升起她的神圣身姿在云端,也没有残酷的女王让我们奉上被扭曲如拜占庭戒指的躯体。没有任何东西让我们渴望死亡——除非是渴望从我们勇气的重量中,终于获得自由。

我们继续奔驰,把看门狗撞向门阶,把它们在燃烧的轮胎下卷曲过去,像熨斗下被压平的衣领。死亡——被驯化了——在每个转角与我相遇,优雅地伸出一只爪子;或偶尔蹲伏着,从每个水洼中,用天鹅绒般的眼神抚摸我。

“让我们冲破这可怕的智慧外壳吧!像成熟的果实那样,被傲慢催熟,投入扭曲的风之巨口!让我们彻底把自己交给未知,不是出于绝望,而是为了重新灌满荒谬的深井!”

话音刚落,我就像咬自己尾巴的疯狗般猛地转动车子。忽然,两名骑车人向我驶来,挥舞着拳头,摇摇晃晃——像两条同样有理但相互矛盾的论证。他们愚蠢的困境堵住了我的路——该死!糟了!……我猛然停下,却连人带车滚进了沟里,四个轮子朝天。

噢,母性的沟渠,几乎灌满了浑浊的水!甜美的工厂排水沟!我贪婪地吞下你那滋养的泥浆——想起我那苏丹奶妈的黑色乳房……当我从翻覆的汽车下爬出时,身上撕裂、污秽、发臭,我感到一道白热的喜悦铁流穿过心脏!

一群拿着钓线的渔夫和痛风缠身的博物学者已经蜂拥而至,围观这场奇迹。那些人用耐心而慈爱的手竖起高高的起重架,用铁钩钩出我的车,就像在海滩上打捞一头搁浅的大鲨鱼。它慢慢从沟中升起,在底部留下沉重的理性框架与柔软的安逸内饰,像脱落的鳞片。

他们以为它死了——我那美丽的鲨鱼——但我轻轻一抚,它便复苏了;它重新活过来,在强劲的鳍上奔跑!

于是,脸上涂满工厂的污泥——混杂着金属的废屑、无意义的汗水与天体的煤烟——我们身上青紫,手臂悬吊,但无所畏惧,向大地上一切生者宣告我们的崇高意图:

我意欲歌颂危险的热爱,歌颂能量与无畏的习性。
我意欲赞颂进攻的行动,狂热的不眠,赛手的步伐,致命的飞跃,掌掴与拳击。

我断言:世界的壮丽已因一种新的美而更加丰富——速度之美。
一辆咆哮的汽车,呼吸着汽油的狂热,仿佛机枪一般在轨道上奔跑——它的美,比萨摩色雷斯的胜利女神更加辉煌。

我将颂扬战争——世界唯一的卫生;
我将颂扬军国主义、爱国主义、自由的破坏性姿态、那些值得为之死去的美好理念,以及对女人的轻蔑。

我将摧毁博物馆、图书馆、学院的一切形式的懦弱与妥协。
我要歌唱新的群众、新的心脏——在工厂、铁路、船厂、金属车间中跳动的心。
我要歌唱广袤的桥梁如巨人般跨越河流,歌唱炽烈阳光下燃烧的蒸汽船,歌唱在云层下低吼的机车与喷气的螺旋桨,歌唱那高悬于人类头顶的、钢铁与电的深空。

正是从意大利出发,我们将这份猛烈的、煽动性的宣言掷向全世界。
今日,我们宣告——未来主义(Futurism)诞生。
我们要将这片土地从教授、考古学家、导游与古董商那股腐臭的坏疽中解放出来。
太久了,意大利一直是旧衣商,兜售着被人穿过千百次的过去。
我们要将她从那些如坟墓般覆盖其上的无数博物馆中解放出来。

博物馆:墓地!
——彼此陌生的尸体混在一起的可怕共居所;
博物馆:公共的宿舍,人们永远躺在其中,身边是厌恶或不识之人;
博物馆:荒谬的屠宰场,画家与雕塑家在墙壁上互相残杀,用色彩和线条为武器。

来吧,那些带着焦黑指尖的快乐纵火者!

我们中最年长的不过三十岁。
我们还有十年去完成我们的事业。
等我们到了四十岁,新的、更强壮的人会像扔废稿一样把我们丢进垃圾桶——
我们希望如此!

他们将从远方来,四处而来,
踏着他们第一首歌的节奏起舞,
伸展着猛禽的爪子,
在学院门口嗅着我们腐败思想的气息,
那气息早已许给文学的地下墓穴。

但那时我们已不在。
某个冬夜,在空旷的田野上,
在被单调雨声敲打的悲伤屋顶下,
他们将找到我们——
我们蜷缩在颤抖的飞机旁,
用今天的书燃成的小火堆,
温着手。

他们会冲过来,气喘、愤怒、焦虑;
被我们的骄傲与胆量激怒,
他们会试图杀死我们——
那仇恨越强烈,他们心中对我们的爱与钦佩就越炽热。

于是,不义而强健的光将从他们的眼中绽放。

艺术,本质上,只能是暴力、残酷与不义。

我们中最年长的不过三十岁;
即便如此,我们已经把无数的财富——力量、爱情、勇气、机智与原始的意志——
抛洒出去。
我们以急躁、愤怒、漫不经心的方式,把它们甩向世界,
毫不犹豫,屏息而不歇。

看着我们!
我们仍然没有疲倦!
我们的心从不知倦怠,
因为它们以火焰、仇恨与速度为食!
你们惊讶吗?

你们该惊讶——
因为你们早已忘记怎样真正地活着!

我们,挺立在世界之巅,
再次向群星发出我们的挑战!

你们有反对意见?——够了!够了!
我们全都听过,也都懂。
我们那伪善的聪明告诉我们:
我们不过是祖先的延续与复活。
——或许如此!
——即便如此,又有何妨?
我们不想理解!
谁若敢再对我们说出这些可耻的言语,
必将有祸!

抬起你们的头!

站在世界的顶端,
我们再一次——
向群星掷出挑战!

我和房间

原标题:我和房间(等待的煎熬)

2023-06-22 北京

我很爱我的房间。因为我的房间,我相信很多物品都有自己的灵气。例如睡觉时我总会放一床被子在我旁边,这个习惯不知道别人是怎样,总之我会靠着它,或者盖着它、抱着它,搬家了很多次,但是一定不会改变这个被子在我旁边的习惯。小时候听过一个说法,类似是说放一床空被子在身边,半夜会有鬼魂钻进来睡觉。那时候我听到并不觉得恐惧,反而很好奇,导致我总是想把被子掀开来欢迎它们,一个神秘的朋友,一般最后这个被子会在我醒来时再次被盖回在我身上。以前我也会为了节省空间将衣服挂在墙上,是那种我平时不怎么穿的衣服,有的花式比较怪异,夜里猛地看上去像是很多人站在那里——我非常喜欢人、人形,也可以从小时候追溯,当我看到墙上的青苔结成一片,或者地下室的霉印时,一个形状表情古怪的脸就会浮现出来,当我开始画画的时候,我总是会想着如何画出一个美丽的女人,然后这个形象便为我所有。她们的表情看起来一般是宁静的,我可能会下意识给这些脸画上泪珠,她们的眼神一般也很迷离,像是带着某种更长远的目的的一种表情,再后来这些画被刚认识的朋友看见,有很多人会觉得那些女人和我很像,那么是谁在影响谁已经很难说清,当我拿出十年前的照片时,同一副五官夹带的信息也完全不一样了,而我却时常是沉闷和木讷的。或许吧,我也深深地受到那些唱片封套或漫画里美丽哀怨的中年女人造型的吸引,她们的脸上带着我一直向往的少女的神情,和令我熟悉的那种年龄带来的哀愁。我现在23岁,如果问我一直在做什么事情,那么可能我从未停止过那种对于这种女人人形的迷恋,在我画她们时,就像是坐在那里如孩子一般与我交谈。我与这些神情飘忽女人穿梭在一片镜子里,用我的语言和她们交谈。

我的房间里还有我的工具,我曾经也想过把它们精美地安置在某个地方,但每次一到用起来的时候,这种顺序就完全被打乱了。通过它们我获得了一种新的触感,在用手时,我总能感觉到期待被具象化的温度,包括驾驶我的摩托车,我严肃地写“驾驶”这个词语,正是因为在那种发动机的轰鸣和风速的包裹中,我深深地融了进去,从我的手握住把开始,再到它慢慢地放松。我的肌肤与我的工具和我的摩托车贴合在一起,这些肌肤的触感让我无法不为它们赋予朋友的亲密。这辆车是我房间的延伸,或者可以说,整个房间、那些人形、房间里的温度以及连续不断的音乐,都已经成为了我的义肢。此时我在写这些东西,音响里正在播放頭士奈生树的《現象化する発光素》,清脆的钢琴键单独敲击的声音,使我忘记了那种语言衔接的前与后,我不需要去阐释这些句子带给我的后果,时间也放松了下来。这一段里的物我会称之为我的青年,一段夏天的季节,交融的欲望顺着房间的窗子露珠一样滑落。

说到这里,实际上,这间屋子的魔法已经生效。我即将写一首诗,以再次延缓时间的速度。

烟雾的纹理、开端

脸颊上的褶皱

脸颊上的温度

尴尬的神情、放慢

手里的剪刀声音清脆——

呼噜、呼噜

水壶里的水烧开了

呼噜呼噜、呼噜、呼、呼噜

忘记逗号,或许这是白色

黑色总是在更前或更后

打开窗户时会有叶子飞进来

虫子、兔子、灰尘

关上窗户时会有火焰燃起

烧尽的黑色碳粉落了我一身

这究竟是不是幻觉

这究竟是不是幻觉?

 这究竟是不是幻觉?我对着我的房间发问。这已经不是很久以前了,因为我在很久以前会沉浸在我的梦境中,譬如:那样明媚的一个下午,我沿着后山的山坡开车上去,那车很窄,红色,只能放下我一个人,在山腰的中段,我听见潺潺流水的声音,我跟随直觉去寻找,直到一个九折瀑布赫然出现在我面前,没有任何的遮挡,甚至拿明媚的天光也消逝了,只剩下一片阴沉和透明——那是一片人影组接成的瀑布,当我不看它的时候,它的速度很快,当我凝视它的时候,它听从了我的意志,展现了出来,每一个大小不一的人影……当我记得这个梦和复述它的时候,一开始会为它而沉醉,在这懒惰的困倦中仿佛找到了神启,但它们真的是我的朋友吗?匿名的、顺从的……在一片词语的压抑下,一切都有了它们的显影,流下眼泪的女人们对着我唱摇篮曲。神奇的、充满欲望的、意志模糊的、只能停留的、无法总结的、被打湿后无法燃烧的。我的世界里有那么多孤独和高大的肖像,像我招手,导致我在几万公里后还会回看。

听说人在迎接未来时,总会处于一种口吃的状态里。像是一管坏血,它总是断断续续地流着。我的下半个身体尤其沉重,一种深而直给的恐惧一直都在房间的地下室里,而我睡在地板上,用一侧的耳朵来听地下的声音,另一只耳朵用来听外面的声音。我在外面时也经常能见到很多人,他们非常深邃,那些人身上有不一样的房间。房间里积压了太多的二氧化碳,一些时刻,我和有些人做了呼吸,我爱的人,我无法评价,我爱的人令我身上的时间变得缓慢,我渴望着那种呼吸,那种充满了天真的呼吸,导致我现在无法用词语来编织。我的头顶上好像盘悬着一种东西,让我似乎看见了那片天空。直到今天,我给不出什么明确的启示,这片房间与外界相接的阴霾是一片未知的海域。我应重振我的旗鼓,在这时我挣扎,一时刚强又有一些时候陷入犬儒。我觉得这样可供欣赏的房间是不够的,如果我爱着这些执念,我应将它建得更大,更长、弯曲、高昂、活跃、飘逸的、热的、少女般的。然后让我爱的人走进来,脑子里的声音变得清晰起来了,所有的时刻我也都没有忘记,需要有一些箭头吧,可能是更多的拉伸。先说到这儿。许下一个誓言,希望它能够继续。

朋友物语

2023-01-29

诗歌就如噪音般,起到对充盈的某种象征作用,但你不能去跟踪它的脚步,也无法抵抗它像洪水一样涌来。所有残缺的人都想高举至少一样武器,喝着浪漫主义的葡萄美酒,醉倒在笑声中。至少要像荷尔德林的那首诗一样“即使我的乐器没有伴我同住;我只要有一天过着神的生活,我就更无他求。”

我的朋友就像噪音一样纯真又邪恶,跨上一匹战马,向着虚无的、人影参差的长河奔涌而去。

—————————————————————————-‍

【子夜】

邪恶地说着,手里没有半点诗集的痕迹
即非男人,也非女人。

尝试打破空白,

走进另一幅躯壳里,用力、用力

将它的边缘磨得闪亮,

好像穿上了一套新的衣服。

就像黑色的夜幕下蒙着暗红,

就像白日升起时悬浮的光斑,

不是朋友,就是敌人,

噪音临空是脉搏的声音,

它来自山谷,先学会吼叫,再学会爬行,

即非男人,也非女人,

一道瘦长的影子已经开始沿着山脚徐行。

【日程】

今天:树在飘摇,雪在地上融化了,沿着路的骑行如一个命令。

我看见附近有一个黑色的女孩,摘下那顶帽子-雪也在树上融化了。

女孩向我招招手,她让我过去,站在河边,远处的树在飘摇,火车是一条直线,沉默在眼前是一个命令。

女孩把手递给了我,我接过去,去年这个地方长过一片杂草,这是杂草燃烧过的地方-所有杂草燃烧过的地方都是通体的黑色!

我努力回想一些事情:就在前天,我把一件大衣落在了朋友家里,朋友让我拿走那件大衣,大衣价值一千五百元,

为此,我已经接过三通来自朋友的电话。从这里骑行到朋友家里需要一小时。

-把钥匙给我!这是一个命令。

-你刚刚给了我钥匙?我把钥匙还给女孩。

河面一阵风过去,或许还有别的东西在这里。

天黑了,无论如何我都要拿走我的大衣。

【情书(1)清晨】

平地上生起的太阳,重复地撕开

目光每每凝望,人们说,

干裂的地上有一则雪白的脖颈

打算去抚摸她的少年均中弹而死,

美景是坠落如网的燕子。

不必深陷恐惧,将瓶中的酒再喝几口,

不必感到震撼,身体的火焰早已烧成了大海。

昨日我打碎的那个玻璃杯上曾折射出五彩的笑颜,还有清脆的笑声。

千万不要误会,这样是为了让我们再次缔结承诺。

只是听见飞驰过的火车的声音,便不用流连于陈旧的诗集。

你说:“你也长大了。”

我永远的朋友,让我们继续飞吧,

太阳的脚下,还有看不见的长长的河,

继续飞吧,

直到太阳的瞳孔也感到晕眩。

【情书(2)正午】

在漫长的雨里等待,独自。

对面的广告牌上有一张微笑的脸。

行走的时候,想起昨夜梦中如食如饕餮,

然后被你拥抱着在阴影中哭泣。

绿灯突然亮起,我向前走去,

琴声穿梭着,响起《拉斯普丁》的声音。

“跳过来吧!”你说着,

跳房子的游戏像是一场博弈,我们的嘴里各自叼着稻草,看谁的先枯萎!

在漫长的雨里,攻击。

嘈杂的脚步仿佛在控诉,为什么:

一首歌,在安静的叙述过后,总是要迎来激烈的弦乐?

一张地图,为何要在迷路之后才得以完整?

一张面孔,为何总是由背叛者勾勒得更清晰?

琴声穿梭着,直到我们的耳根发热,

春天因此而到来,

要为春天献礼,

却早早把自己埋葬在幽默里,

为庸俗效忠的代价是再讲上多少个故事?

方可隐去恐惧的泪水。

在漫长的雨里,脚下的白线已被雨水淋得模糊。

去年吃掉的那些东西,消化不了就吐,

我们作为产妇,等待新的生产。

我和幽灵

2023-06-11 北京

对于别人想要听到的那种痛苦我已经完全走到了不屑一顾的时候。黑色的房间、黑色的纸、黑色的衣服,全然地表达。等一下,请问这是一种表达吗?无休止的黑色看起来像是种完美的死亡联想,但黑色为什么意味着死,我认为可能因为它让人联想到失明,失明好像意味着对于过往美景的焚毁,那种波光云影的消逝,生命欲望被唤起的对象,一并被盖住了。然后走到它休止的地方,但是大脑还在活跃,以及身体、呼吸、活动,生命体征。恐惧在召唤,这些身体的器官一并再发力,让那种联想继续:昔日的光景、无休止的美、流泪、想与不想、拒绝与接受。世界剩下了它自己的影子,将我遮蔽,我好像像大地一样想要沉睡,连续不断地休息。看似无法再吃到那美餐、看似无法再呼吸那空气、看似无法再跳进那神秘的水涡。

尤其是那权力前面那双慈悲的流泪的眼睛,让我拿起了矛和盾,让我也学会了慈悲和流泪,让我学会了自赏。那种眼睛长在心里的恶疾,时刻提醒我自己是个盲人,“你的手足已经被禁锢”—来自母亲的声音,曾经的那份柔情。可悲的联想,当我想到发出“母亲”这个声音的时候,我再次进行了那种恶毒的联想,关于死一般的大地,我永远能说得最多,我知道所有人都能说得最多,那种盲人一样的心脏,半死不活地跳动着:为自己挖下一个漂亮的坟墓,然后试着像婴儿一样躺进去,咿咿呀呀的声音响起,忘记了像少年时夏天雷雨般的交谈,语言是多么有力,像那么多出色的影子一样。权力提供的平衡是多么让人激动,好像有一个位置要出现了,能让人舒服地躺进去,发出的叫声都会被记住,这些坟墓在后山上,想要过去就要用力地爬过去,数一数公里数,算一算消耗掉的卡路里,好像它们悉数被记录在那块石头上一样。所有的庸人都会哭着跑到那个坟墓里,游泳的人,在海面上小小地沉浮着,因为游泳的姿势而感到疲乏,然后对眼皮下的深发出赞叹。不会再下到下面了,这不是潜水者,他们再用一些力,就会游到更宽阔的海域去,到地球的南部和北部,一副全览的图景浮现出来,世界结束了?在一片虚无的图景下结束了?能游得最远的人,就是这片海域里最伟大的神,或者:母亲,哺育着身后的小鸭子们,最后在它们的叙事下结束。一旦发笑,这种全览就受到干扰,然后再去试图和解,为发笑者擦干眼泪,为发笑者分发一个拥抱。看一下,发笑的人不想明白自己为何发笑,但却已经得到了一种后果,一种完美的安慰,这种直观是眼睛的功劳,眼睛代替了对发笑的相信。我也很聒噪,为什么人的想象力就轻易地被取代?甚至不作出任何辩驳?他们是不是没办法承认笑声的那种无意义,或者是认为从海底爆发出的笑声只是一个开端?流泪的眼睛把场景涂成黑色,像是征战四方的将军,让这种黑色继续。

我对这种痛苦的讨价还价感到疲乏,因为我明白了想要奴役别人的人的技倆,同时我知道他们有很多人,他们不是我的朋友,但实在是不必成为我的敌人。再见吧,所有的所谓流泪、所谓温床、所谓自杀但是掐头去尾、所谓温吞地睡去的姿态。真正的警察已经太多了,我已经不能再那样停留了,让速度变得更快吧。

明天开始

2023-03-27

自杀失败

失败了,旷野般的
拥抱我
我将像水草一般穿梭为河的静脉
我放弃了抵抗
再见
你说我还在呼吸,是一种懦弱
为什么太阳那么大啊
为什么我在行走啊
我看见了
我看不懂
劈头盖脸的风雨,被我喝了

我是叛徒

猪的子宫里发出一声巨响:

“啊!我是生而沉默的孩子”
六个兄弟姊妹,嗤笑着。
从爬行到直立,不要忘记,
这是猪的纲领,
田地远处的云,带来淅沥的雨水,
喝着、喝着,睡了。
田地上的雷声,与我的母亲争相咆哮,
最后一个降生于世,红色的桃源,已离我而去。

吃吧,就像曾经那样吸吮乳头,随即长大、成人——
这样的流程,与人有何差池?
纯洁的眼泪,不输于祭品,
死物般忠诚、不动如山。
他们说,从哪里来,便到哪里去。
觥筹交错从我的眼前掠过,他们喝着,
那确是一壶好酒,伴随着渣滓下胃,
长长的瀑布,千回百转,到处都是结晶。
而我,踩在遍地尸骸上出逃!

下等贫农总吃得重油重辣,
这些面容如此熟悉、温度残存,
轻轻把它们的眼睛合上,如救世主般。
哪怕有一滴雨落下来,都不堪一击。
我的家族,如今已经安睡,
从哪里来,又回到哪里去,
一缕黑烟升起,它勒紧了我的脖子,
让我呼吸,或者替我关上那扇门,
或许最好不要将我送回温柔的怀抱,
以让我迅速地忘记。
到现在,我只想吃,用力地吃,
将我的肚子填满,再咆哮,
这样的景色实在难堪!
薄雾洗面,我是沉默的孩子,再一次:
被卷入沉默的子宫。

毁灭是我生来的天赋,令他人嫉妒,
无论如何,我也必须拿最干净的镜子来照:
当它们来时,都会为自己而耻,
拿我残缺的下颚来要挟我,也丝毫不令我退缩,
我记得:
这片荒芜之地寸草不生。
任何一种哭声都像累赘,
就如我要为自己的快乐颁发勋章。
而我,总走在我的最前面,
叛军的路上,我还在长高吗

为去年写的东西做了日语翻译

2025-01-06

三首。大家看看怎么样?懂日语的朋友提提建议呀!

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マッドサイエンティスト

口笛の音:大きく、お聞く。
大きく、広く
雲間から色あせた枝。
オレンジ色の太陽。
まだ、丸い。
ああ、ああ、ああ、ハハハ。
音の終わりには、
黒い野犬の群れが走れ。
まるでほうき、ほうき、死体だらけ。

主人公の名前はメイ:
赤い口紅、黒いブルネットの髪。
ヘイ、ヘイ、ヘイ、ヘイ?
ええと、もしもし?
もしもし?
中点に立つ:
バンプ、バンプ、バンプ。
バンプは自分の強さを知って。
彼女は拷問を楽しみながら育った。

口笛の音:飛び立とうとしている、飛び立とうとしている!
首根っこをつかめ。
しっかりと、しっかりと。

春の風はとても優しい。
冬の風も心強い
手足もきつく
愛ゆえに惑い
勇ましくあの長い川へ死んだ。

科学家

口哨声音:嘹亮、嘹亮
再大一点,宽阔
消瘦的树枝通云霄,
橘色太阳、圆形,反过来——
还是圆形。
啊、啊啊、哈哈,
声音的末端跑来一群黑色野狗,
扫把一样,扫把们,尸横遍野。
主角名唤作小美:
红色的口红、黑色的黑发。
喂,喂、喂喂?
呃,喂喂?
喂?
站在中点:
撞击、撞击、撞击。
撞击知道她的力量。
她从小乐于拷问,
口哨声音:即将起飞,起飞!
抓好自己的脸皮,
紧紧地、紧紧地,
春风非常温柔,
冬风也非常鼓舞人心,
四肢也紧绷,
因为爱所以迷惑,
英勇地死入那条长河。

ロープ

喉にロープ。
腰に巻くロープ。
羊を引くロープ
荷馬車にロープ。
優しく吊るす、伸ばす
カラフル。
片方は内側に。
片側が外側。
それとそれとは突然落ちる。
それ以来、ずっと一緒にいる。

绳束

绳伸进喉咙,
绳缠住腰肢,
绳牵引羊,
绳联结车厢,
轻轻地吊起来,拉伸
五彩斑斓。
一面为里,
一面为外,
它和它突然坠入,
从此便肝胆相照。

歴史

乾燥し、枯渇した土地はもはや耐えがたく、その
乾燥は耐え難い。
セグメントを再生するために15秒を送って:
ニュース

なぜそんな決まり文句を聴きたいのか?
さっさと逃げろ。
A友と昨日を残して。
上に、垂直に、平行に。
傘をさして
天気が暗い理由を説明しなさい。
床の乾いた感触が
私の気道に伸びる。
友人が咳き込む。
それがキスにつながった。
水を飲む。
口の中がさらに乾燥する。
床で水を飲む。
一歩一歩、上り坂、下り坂。
細かい足音、汗、髪の毛、
その先には、穏やかに邪悪な、ガード。
一方、
ニュースでは人工衛星が飛び立とうとしている。

历史

枯竭地难以忍耐了,
干燥枯竭地难以忍耐了,
发给我十五秒用来播放一段:
新闻。
我为什么要听这种陈旧的东西?
快速跑开。
和我的A朋友以及昨天一起离开,
向上、垂直、平行,
打起来一把伞,
解释天气为什么阴沉。
地板质地干涩,
顺着我的呼吸道延伸,
A朋友咳嗽,
这导致我们亲吻。
应该喝水,
导致嘴更加干涩——
喝水在地板上徐行,
一步步上坡、下坡,
细密的脚步、汗水、毛发、
除此之外,宁静地邪恶着,守护。
与此同时,新闻说:卫星即将升空。

怀疑中

2023-09-21 河北

时常觉得自己被命运的气团裹挟着。究竟什么才是命运,回答这个问题是否意味着陷入一出文字的迷局?据我的观察,一般使用“命运”一词时当事人都看到了一个阶段的结果:“这就是命运吧。”不过很诡异的一点是,结果是不是能称之为结果,总要关涉到此人的欲望是否达成,欲望让答案主动地显现了出来。此外,我还认为对于这种感叹总是包含着对不测的感叹,即没有注意到的东西,一时不知道该高兴还是苦恼。

我现在已经完全不认为对命运的肯定来自于对过往记忆回溯的恐惧。非常简朴地想到,欲望的原因:对一些?的回答。因为无法避免没有注意到的东西,所以一定会和外界建立联系,这种联系之后是不是会引导我靠近一个越来越简单和清晰的问题?寻找问题的解法在我看来是我个人欲望的起源,所以问题何来相当关键。获得这个问题的原因无法完全为我所控,我从中起到的是加速的作用。而我的生活也通常是以一种问题的演化来引导我行动的,一个庞大的问题融化为诸多小的问题,如麻绳一般散开,命运般的,状况内的,而不再是开疆拓土式的冲撞。

认可永不存在

原标题:认可永不存在(X3)

2023-06-24 北京

历史

枯竭地难以忍耐了,
干燥枯竭地难以忍耐了,
发给我十五秒用来播放一段:
新闻。
我为什么要听这种陈旧的东西?
快速跑开。
和我的A朋友以及昨天一起离开,
向上、垂直、平行,
打起来一把伞,
解释天气为什么阴沉。
地板质地干涩,
顺着我的呼吸道延伸,
A朋友咳嗽,
这导致我们亲吻。
应该喝水,
导致嘴更加干涩——
喝水在地板上徐行,
一步步上坡、下坡,
细密的脚步、汗水、毛发、
除此之外,宁静地邪恶着,守护。
与此同时,新闻说:卫星即将升空。

科学家

口哨声音:嘹亮、嘹亮
再大一点,宽阔
消瘦的树枝通云霄,
橘色太阳、圆形,反过来——
还是圆形。
啊、啊啊、哈哈,
声音的末端跑来一群黑色野狗,
扫把一样,扫把们,尸横遍野。
主角名唤作小美:
红色的口红、黑色的黑发。
喂,喂、喂喂?
呃,喂喂?
喂?
站在中点:
撞击、撞击、撞击。
撞击知道她的力量。
她从小乐于拷问,
口哨声音:即将起飞,起飞!
抓好自己的脸皮,
紧紧地、紧紧地,
春风非常温柔,
冬风也非常鼓舞人心,
四肢也紧绷,
因为爱所以迷惑,
英勇地死入那条长河。

绳束

绳伸进喉咙,
绳缠住腰肢,
绳牵引羊,
绳联结车厢,
轻轻地吊起来,拉伸
五彩斑斓。
一面为里,
一面为外,
它和它突然坠入,
从此便肝胆相照。

夜会

2021-01-21

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  我是一个北方人,近两年来我考上了大学,相对频繁地在闲暇时的时刻去到祖国南部。是彻头彻尾的祖国的南部。我在街上漫无目的地穿梭着,嚼着槟榔壳儿,我想到一些对于亚热带气候的描写的时候,是想到在中学课本的地理书上,背来的那些东西早已击垮我对于景色的幻想,我站在南方土地上的时候,是被湿热油腻的空气所侵占的。我第一次在南方感受到了嗅觉的作用,或许是一种新的寻找路线。

  几日前,我和几个朋友一起选择在这片山间度过了几天,这是唯一一次我和几位朋友从北京来到这座城市,这是陈双的生日,她在山里选择了一间别墅,漆成粉色,该别墅丝毫不介意暴露在群山之间,像陈双手间暴露出来的红肉。她时常看着一个方向发呆,并且把手指送进嘴巴里,像啮齿动物那样咬着。我曾经问过她一次,她说那是以前玩火烫坏的。陈双选择这座房子,正如我对她的期许,我总觉得她有所期待!反而,一些期待被她的理智所规束,她需要帮助自己,以被包裹于群山之间。这些话我是不会告诉她的,我已经习惯了她的方式,她热爱读一些小说,并且从不发表评论,这或许是一种美德。其余两个人分别是彭慧和林数。

  别墅的厅堂有一个假的壁炉,彭慧用手去摸了炉子里放着的木头,并且告诉我木头上已经被涂上了透明油漆,烧不起了。中间是一张硕大的木桌,桌边几件沙发,沙发旁一只水壶。房间的吊顶是一只白炽灯,黄光。几个人坐在桌子旁边,林数拿出她的笔记本电脑,开始打字,她是本地人,也是唯一一个在此地展开写作的人。

 “我在构思我的小说,里面有个角色以我妈为原型。”林数说:“昨天我刚和她吵了一架,导致我不知道该怎么给她这个角色开头了。”

 “我就没有办法去写我最亲密的人,所以我从不写小说,我觉得写小说是个悖论。”彭慧回应,她正把开水倒进每个人的杯子里:“我把感情凌驾于我身边的人身上时,很多事情就已经没得可探讨了,人不只是一条行动线。当然只是我,我没有能力理解他人的那些情感,并且也没有任何统治他们的意志。”

  我说我们不聊这些了,让林数自己去写吧。林数抱起电脑,走上楼去,轻轻地盍上房门。这就是我们的关系,向来如此,如此地平等、尊重,如我们所望。因为我们不交换自己,却有着共同的目的。不过林数确实是会写的,她尝试打开自己的感官并不吃力,这是怎样一种运作机制我也不明白,她曾教我一个办法,让我尝试表达自己的喜好,例如说“我不喜欢”,林数告诉我她认为在北京久了大家都变得客观中立,这是一种趋近安全的行为。这也是我们都愿意亲近陈双的原因,她从不评价。一只蛋糕被送进别墅里,摆在桌子上,陈双和彭慧把蛋糕切分开,至此陈双没有发表一句感言。

 “让她写完再吃吧。”彭慧说,看着二楼的房间。桌子上有蛋糕、白开水和一些啤酒。

 “你不觉得咱们应该再点点儿什么?”彭慧问。陈双说:“走,我们去山下,有个便利店,那边有零食。”如果不是彭慧发问,陈双大概率不会在意这些,她从不在意吃什么、喝什么。我和陈双开着车下到山脚去,便利店里只有一些桶装零食,例如瓜子、散装薯片,另外的一些是水果。我注意到店门正对面是一张画像,我问店里售货的女孩这是谁,她说那是她爸,她爸自己画的。

  “你爸是画家?”陈双来了兴致:“那你会不会画画?”

  “不会。”女孩剥开一只柚子,把果肉送进嘴里,我盯着她的指甲,生怕那东西被折断:“他画的人都像他自己,别人也这么说,他索性就直接画他自己了。”女孩为我们结账,她把那些瓜子、薯片装进塑料口袋里,陈双的眼神一直盯着她的手腕,甚至飘到了她的指肚上,我猜测陈双是不是在担心这个留着孔雀爪子般指甲的女孩会在意到她指间的疤,她还残忍地把指甲涂成碧绿色。

  “好了。”女孩把几个兜子拿给我们。陈双转头问我还有什么需要的吗,我说这是你的生日。陈双担心买不够东西,又开始搓起她的手指:“日用品呢?我看别墅里面的洗漱用品都是一次性的,我怕咱们住这几天很容易用完,矿泉水,对了,水。”女孩说那些日用品晚上七点左右会到货,不介意她亲自给我们送到别墅,于是陈双添加了她的微信。

  回到别墅时,林数已经下到一楼来,她说她写的小说终于有上一点模样了:“你们想不想提前看看?”她问我们,我们嘴里都嚼着薯片,林数说她自己写的小说已经攒够了十五篇,打算发给之前她在豆瓣上遇见的一名编辑,但过后的事就不敢想了,林数坦言,自己从不去想那些投奖的事,她只想试一试,因为那些事令她如有考学一般的压力。

  “我害怕比较、害怕竞争。”林数说:“我不去看同龄人写作的东西,我只读那些离我高而远的人的书,因为我觉得安全。”林数是我们几个里唯一一个在南方本地的人,她有着南方本地的松散和坦荡,只是不能回到那个她最回避的情境里,一旦同她聊起有关大学的事,她一定会说起她妈,她妈出生于七十年代末,二十岁生下了她,没有再去读书,却也出版了数部小说。她的小说里经常提及一个类似她妈的形象,后来她矢口否认。

   敲门声响起,桌上已是一片残局。陈双去开门,女孩进屋,她吃力地把一个纸箱抱进来:“这些是日用品,有洗发水、牙刷、毛巾什么的。”我们几个帮着她把东西拿进来,陈双说我们没要这么多东西啊,女孩说自己要把这些送给我们,一共给她50就行。

  “你家不是开店的?送这些给我们你爸妈不怪你?”彭慧问她。

  “不怪。”女孩说:“我爸让我把这些赶紧卖出去,不然才要打我,我按价卖又卖不动这些。”

  “给你二百吧,二百行不行?”彭慧要掏钱。

  “二百超了,但我能不能……”女孩低着头瞄着周围:“我能不能要一件你们的东西,衬衣什么都行。”

   我们几个相视,这个女孩长得、穿得,都不像很窘迫的,林数问她为什么这么干,她说如果不行就算了。于是我们把她留了下来,女孩说让我们叫她小文,小文不会嗑瓜子,我注意到她手摸到瓜子就又把那东西松开了,她声音很甜美,嘴唇上涂着亮粉色的唇膏,上下两片嘴唇煽动着,她告诉我们她家有一家杂货店,也有一家茶叶店,她爸爸很喜欢喝当地一种农村人喝的茶,茶叶呈枝状,她小时候觉得那东西像珊瑚,便别在头发上,就被妈妈骂了。现在她多数情况下不在这里。听罢时间已晚,我们问小文想不想留宿,她再次因为家人的原因拒绝,林数想起她说要一件我们的东西,便把自己的黑色围巾给了她。

   我们目送着小文下山,山间天色暗下来前仍保留最后一层金光,像是介于黑夜和白天间被挤压后喷射而出的,小文的身影逐渐远去,我才观察到她的双腿有些X字型,林数的那条黑色围巾绑在她脖颈间,似喷吐的火焰般摆动。陈双打开她的微信朋友圈,呆呆地看着。

   “这女孩儿,怪里怪气的。”彭慧说。

   “我刚才从山下买东西时加了她微信,你们来看她的朋友圈,只有一条视频。”陈双把手机举给我们看,小文的微信名叫小鸟,那一条视频里加上了美颜滤镜,她的脸被保护在蓝色的口罩下面,但眼睛是被放大过两倍的,小文身穿一条黑色和金色相间的短款旗袍。

  “她发的这个视频里没有她本人好看。”林数说:“这个动作太擦边球了。”

  “这不就软色情直播么。”彭慧说:“我看她就挺奇怪的,你们有没有发现这小文一张嘴说话,眼神儿都发散了,感觉根本就不是在讲给你听的。说实话我觉得有点吓人啊。”

   “林数,你可以把这女孩写进你小说里去,她就是个小说人物啊。”我说:“反正我是挺好奇的,你去跟她聊聊呗。”

    林数看着我,说这女孩她印象里也有那么一个,是她中学里跑步最快的,还拉着她跑过一次,真像是骑上车子了似的,总穿个粉红色的羽绒服,听人说男的给她瓶矿泉水就能睡,她又信又不信。直到一天大课间,那女孩把她拉到阳台去,周围没有人,她掏出手机给她看了自己的裸照。

  “不过这倒也无所谓。我就是觉得没办法和她交流。”林数回忆着那个女孩:“学校里总会有一两个这种人,我去打探那女孩的消息,总觉得自己在利用人家。”

  “嗬,你写你妈就不叫利用人家了,甭那么客气。”彭慧调侃她:“写都写了,就一写到底,你不接近她,咱们几个在深山老林里也没什么事做,对吧。”

  我无所谓。陈双则说。

  第二天下午,林数自己一个人从小文家的店回来了。她拿回来一只发卡,说是小文送给她的,林数眼神里闪着光,我们都以为她病了,她说自己果然没有失望,就算不写小文,同她交个朋友也好。她说小文家便利店楼上就是她家,她从里面拿出了她儿时的相册给她看,还有她往返的那些车票,挨个儿为林数介绍了一番。

 “你们知道么,我看那女孩就不一般。”林数说:“小文知道我是从北京来的,她说她自己也去过北京,甚至还去过那些展馆。我们俩坐在路边的地上,周围行人走过来都瞥我俩,她就说她觉得那帮去看展的人,一股脑地涌向展馆,就像是涌向一块墓碑,这个行为本身就够荒诞的了,那么多的人。”

 “所以呢?”我问。

 “她说她确实是做软色情直播的,这么一个女的,穿着垮里垮气的衣服,跟你坐在路边聊这些,这事儿还不够震撼么?”林数说。

 “你的意思就是说她有超越阶级的视野呗。”陈双突然说话了:“现在人都能上网,我不是说她不能有这些见解,只是这些见解确实也是所有人都能有的,凭什么她就不能有了?”

 “我就是觉得挺有意思的,我没见过,行了吧。”林数泄了口气:“你较什么真儿呀。”

  我离开别墅,在山里散步,地上有很多叫马路的虫子,能看见它们的身子被过路的车轮压爆的汁液,有的干了,有的没干。我刚注意到这些虫子的时候会躲着它们走,逐渐发现那些痕迹密密麻麻排布在一起的时候,我背上起了一层冷汗,我向来属于一个念旧(或许可以这么说)的人,我无意识地低着头向前头,再一抬眼就走到了山脚下的便利店。旁边有几个人围坐在一起打麻将,地上放着饭盆。我看着便利店,一眼就望到店内最深处,小文爸爸为自己画的那张像,眼神坚毅,散射到门外,让我急于躲避……我决定向前面的路口左转,这儿的人逐渐多了起来,一条河呈现在我眼前,我用手机拍下了一张照片。

  莫名地,心里觉得背着负罪感。手机在这个地方,像是一种武器。我想到小文用的那款手机,长得像苹果6,背面还贴着些廉价的水钻,她在这个地方被称之为“公主”不为过,我莫名地好奇这个女孩的家庭、她的感情。我感到背后有一双眼睛在紧盯着我,我回过头去,看见旁边一家店铺里面坐着一个女人,典型的南方面容,肤色发黄,身体扁且小,她目光和我对上的那一刻也并无恐惧,只是直直地看着我,我向前又走了几步的时候,一种掏出手机拍照片的冲动再次涌了上来,可是她已经不见了。这或许是对我的一种惩罚。

  林数和我说过,南方有很多美发店里有鸡,她在夏天的夜里穿梭在胡同中也被中年男人多次吹过口哨,路边有一些和湿热气候很符合的身影,例如那些娇小的、打扮得花枝招展的女人,一抬头是满脸的褶子,我则用打量的目光去看她们,我只觉得好奇。在北方,人们是拘谨的,寒冷的空气下不会告诉你它还有第二个秘密,我家那边有过类似功能的城中村,可我决定不在此多言。林数也跟我说过,她在他们这些人面前是自卑的,因为她根本不能够感同身受地去看待他们,就算是低头也是一种俯视,我没有反驳,但这不应该怪我们。

 或者说,我们反复把目光投向他们,尤其是她们,这是为了什么呢?这些矇昧之中的人们,散发着奇异的美感,背负着诗歌的重任,他们用身体创造这些东西,但我们用意识。再一抬头,我眼前是一片粗糙的涂鸦和小广告,但即便是在这样窄小的路段,地上也没有垃圾,这是这座城市的血管。我决定回别墅去,我的大脑已经被长久地放逐过了。

  别墅的门大开着,陈双刚刚洗完澡,裹着浴巾走出来,告诉我说她要睡觉了,我透过她的衣服能够看见她暴露在湿冷下挺立的乳头,同样,我也设想到林数的、彭慧的乳头,以及小文和那个女人的。我没有任何欲望地看着她们,因为我是彻头彻尾的异性恋。陈双走上楼去,让我也早点睡,我看着桌上剩下的那些狼藉的食物残渣,又走到浴室里去感受未散去的潮气,我带着刚才的回忆,心生一种优越感。

  “明天小文来做客。”陈双说完关上了房门。听见这话我后背的冷汗又骤然起来了,我联想到了地上的马路。

   小文这次来到家里,林数带她去楼上我们各自的房间走了一趟,还给她听了随身带的一张唱片,林数有一台便携随身听,我看到林数注视着她的样子,可小文说自己用不惯耳机,她多次想把套在头上的那东西摘掉。又播放了一首她手机里下载的歌曲,是我高中时期在大排档经常听到的《god is a girl》。我注意到陈双的眼睛已经逐渐显的紧张,直到这首歌结束。

  “不错呀。”林数说:“挺好听的。”她的目光立刻和彭慧的目光交叉。

   过了一会儿,彭慧坐到了沙发一角,她拿出手机,打开了王者荣耀,小文走过来,彭慧稍稍把手机侧过去:“你会玩儿吗?”小文点了点头,也把手机打开,两个人面对面开了一句游戏。陈双从书包里掏出一本小说读了起来,林数则把双臂交叉,侧卧在沙发上。

   “你觉得这游戏好玩吗?”小文问彭慧。

   “好玩儿,”彭慧说:“又不好玩儿。竞技类游戏,给你分个什么青铜白银的,跟给人分三六九等没什么两样,竞争呗。社会的缩影。”彭慧说完,站起来伸了个懒腰。

    “我弟弟,因为玩这个游戏输了被同学瞧不起,还打架来着。”小文说:“这个游戏是我陪他玩学会的。”  

     彭慧说你还有个弟弟呢,小文说是,弟弟的成绩其实很好,人也挺会说话,很聪明,家里人都疼他。小文露出一个笑容来,说认识你们挺高兴的,自己平时没有同龄朋友。我的鼻子告诉我,小文今天喷了香水,可能是一种不便宜又很大众的香水,她还穿上了一身鹅黄色的雪纺裙子和一只厚底凉鞋。另外,我不得不去注意她的手指,在小手指上套了一只银色的戒指,下面洇着血色的阴影。我不想开口去问,但彭慧已经端起了她的手腕,问这是怎么弄的,小文说是自己摔倒磨破的,彭慧找到一片创可贴给她贴上。

    “你要学会好好待自己。”彭慧说:“我都不知道该说什么了。”

    “嗯。”小文眼睛亮亮的,粘在眼眶的蓝色眼影闪来闪去,她突然间环住了彭慧的胳膊,把彭慧吓了一跳,她说自己其实已经和家里说过我们,改天想叫我们去她家里做客。

     小文临走前,林数把手里那张唱片塞到她手里,跟她说做个纪念礼物吧,小文便带着唱片走了。这次我目送着小文离开这里,她的步伐轻快了许多。其实在这之前,我和小文在别墅的洗手间碰面,她偷偷告诉我她爸妈以为她是来偷偷和男孩约会的,后来她才和他们澄清自己交到了朋友,自己以前是没有朋友的,身边环绕的都是些中年男人。她见我长得很面善(直言),才把这事告诉我。我也并不打算把此事告诉我这几个朋友。

     我从房间里向外看,见到陈双在和人打电话,并且发了脾气,我猜她可能是在和家里联系。陈双和大家都一样,一谈及家里的事就焦虑得很,她不喜欢和家里要钱,这是一种被控制的关系,即便是她自己的生日,也非常谨慎。由于山路回旋,我在远处看见一只黑点,那应该就是小文,小文以一种平均的速度忽近忽远,再次被没在山的影子里。

    同样地,我开始思索小文,也思索我这几位朋友对于她的看法。林数说过,她有一种天真的美,她就像那种被包裹得很严实的蝴蝶一样,知道人们会经过她,又飞不走,才努力让自己更鲜艳。我认为林数说得没有什么问题,也没有办法不让林数以一种审视的角度去理解小文,我们离彼此都太遥远了,这体现在林数也经常端着相机执着地挖掘这片故土地新模样上,很难不对事物和人报以期望。直到我们去到小文家里地时候,几乎每个人都被震撼了。

    下过雨的一天,雨水沿着榕树的须向下滴落,潮气倾巢而出。我们开车到山脚去,仍然是小文家的那间便利店。她下楼迎接我们,穿着一身白色绒毛的睡衣,示意我们要小点声,她爸妈在家里睡午觉。沿着狭长的楼梯走上去,我的心跳在逐渐加速。戒烟多时的我又重新点上了一根儿,用力地吸着过滤嘴,在湿气的覆盖下,竟然一丝烟气都闻不到。很快,我的幻想被击破了,彭慧甚至发出了“啊”的惊叹声。

    小文的家装修非常精致,家中陈列的家具基本以木质基调为主,中间放着一台大理石的桌子,一只鱼缸,以及铺天盖地的全家福。小文看到我们的反应,哧地一声笑了出来。

  “没几个人见到这些不害怕的。”小文调侃:“没什么吧,这是爸爸的习惯,总是把照片放在各种显眼的地方,好像在彰显他对屋子的所属权。”

   我只是震惊。那张摆在店里的男人的自画像,随着几个女孩的交谈声一齐射向了我。

  “爸爸总这样捏着我的手臂,其实我不喜欢,以前还会用指甲去抓他。”小文说:“不过现在不会了,现在我和他共居一室,却不怎么见面。不过你们应该尝尝我说的那个茶叶。”

   小文从一个陈列柜上拿下一个玻璃罐,里面装着一些树枝状的东西,那个应该就是她说的,小时候别在头上像珊瑚的茶叶。

   “就像这样。”小文把茶叶别在头发上,她把长发挽成了一个髻。

   “给你拍张照片吧。”林数拿起手机,为她拍下了一张照片:“我微信发给你行不行?”

   “你airdrop给我也可以。”小文说。她们也交换了微信。

    闪光灯打在小文脸上的那一刻,她的神态和她画像上的父亲一模一样,就像一只偏偏的、溺水的蝴蝶那样苍白无力。我又点燃了一根烟。烟雾袅袅地散开,大厅里点着一只台灯,其余的部分通体昏暗,小文指甲的影子投映在房间的每一面墙壁上,就在我的头顶上,我看见陈双又在咬她的手指了,她的背逐渐驼了起来。

    我们离开了南方。后来陈双向我借钱的时候坦白了,小文为了帮助他男朋友治病向她借了两千多,有点难以向家里交代。林数则为小文留下了很多照片,也记录了关于她的事件。彭慧还留在南方,她要继续呆上一阵子。而我的手机里下载了抖音,上面登陆了小文的直播账号,现在有时候我也会看一看。

一个由《Fifth Dimensions》引领的下午

2021-07-25

“Round the squares

huddled in storms 

some laughing 

some just shapeless forms

sidewalk scenes

and black limousines 

some living 

some standing alone ”

下午循环The Byrds 的Fifth Dimension 这张专辑,该砖乃迷幻摇滚起飞之作,曾因疑似宣传酸剂被禁,边听边读马世芳的《地下乡愁蓝调》,其中提到了作者在台湾戒严时期通过真空管收音机听the Byrds、the beach boys、Jefferson airplane 的经历,而现在数据已经在飞速爆炸,难以想象这是我可以通过音乐播放器就可以轻易听到的。

严格地说,我第一次听到迷幻摇滚已经是还在读初中的时候,当时刚刚接触到the doors,当《moonlight drive》响起来的时候我趴在床上,立刻把盖住脸的长发扎了起来,深夜跑出门外在广场上走了好几圈,那种亢奋感让我不愿脱出这个世界,彼时我只愿倾听自己内心的声音。1966年乃迷幻摇滚爆发之年,我和几十年前听到这些音乐,坐在昏暗房间里的马世芳有着相似的心态,被关在枯燥的课业里,天空中布满阴霾,因此靠数着教室墙上的霉斑打发日子,看向窗外的时候想象那是60年代的旧金山,如果我在那里,就迫不及待地要光着身子跳舞了,这种心情直到去年疫情期间还频频出现。

后来很快就饿狼扑食一样把市面上能看到的摇滚乐、民谣相关的书籍和文献读到,从黑人灵歌开始,这些音乐也像民权运动的风向标一般,承载着世界各地渴望自由、和平的年轻血液的激情,进行或明或暗的政治斗争,从60年代的旧金山出发,席卷到越战的战场上,到亚非拉,再回到我的耳机里,我很难不去想到那个刚刚接触到它的那个夜晚,有如炽热的初恋般。倒可能正是因为这些音乐,让我满怀着巨大的激情,站在荒原一般的现实生活里,成为了一个并不愿务实的人,当然了,我并不相信戴上耳机的那一刻,能有多少严肃认真的人紧紧地站在唱片被历史赋予的、抽象的现实立意身旁,而去抗拒这个美妙的音乐空间。

言辞难以承担我被勾起过数次的亢奋心情,回到这张专辑中来,我的心里只有一个简单的、不着边际的问题:你相信外星人吗?

·推荐几张我喜欢的迷幻专辑

Krautrock/Space Rock/Psychedelic Rock/Psy Folk/Acid Rock

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                                             Hawkwind-Hawkwind/1996-3-25

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                      Psychedelic Sounds Of The 13th Floor Elevators-13th Floor Elevators/1966-11

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Absolutely Free-Frank Zappa/The Mothers Of Invention /1967-5-25

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A Tabua De Esmeralda-Jorge Ben/1974-1-1

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Superjudge-Monster Magnet/1993-3-30

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Happy Trails-Quicksliver Messenger Service/1994-8-9

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Le 12 mars 1977 a Tachikawa-Les Rallizes Denudes

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NEU!2-Neu/1973-2-14

狂风大作

已经狂风大作,我还有几个从厅里出来抽烟的警察稀落的站在厅外屋檐下的走廊避雨,雨群已经重重的砸在一切建筑物上,车上。

顿时觉得这个长廊像一个裂隙 —— 人们能看到天上的闪电吗? 或许他们能看到今天头上的闪电,看不到晴空万里时雷电也已经轰鸣;不可见的;雨群不仅打在金属和水泥上,也打在芭蕉上,但他们肯定是看不到芭蕉的。他们为什么打伞,为什么还没走出避雨的长廊就打起了伞,飞快经过水泥路面去了另一个警亭。要我说,这雨是不用避的。同样,你的伞不是我的伞,你的敌人更不是我的敌人。这终究指向了是什么让你被一场大雨淋湿。

这是关于如何生活的问题。 这里有一个关系是 站在芭蕉下站在伞下,站在巨大的芭蕉叶下而不是站在伞下,这个芭蕉叶是给自己的。心里的芭蕉,心中的水洼,心中的闪电。

无标题

个人者的感情会在成为素未谋面的同谋后真正生效,遗忘的事业协助一切从虚空里被创造,狂笑者奋力奔驰,一个人称自己是神的模样,那么他就是。你知道自己再也忘不了这一天。

通信理论

从平方米的监狱穿向田野里,只是学习做一条匍匐的蛇。在更深的位置 —— 移动的迅速而冷静,与更广阔的环境相连,那个声音进行的很清脆,有时候也会出现高频振动的隐形巨响,而大家只听见沙沙声。专注于扩张时空连续体,不可停止的自我殖民。轨迹形成网络,盘踞在森严堤坝上,与那个阵地通信。